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« La louange ne sert qu’à corrompre ceux qui la goûtent »

Ces paroles du philosophe Jean-Jacques Rousseau, père du Contrat social, pourraient très bien se prêter à la situation que vit présentement Mike Ribeiro. Terminer premier compteur du Canadien n’est pas un mince exploit, il permet de rejoindre un groupe fort sélect composé de légendes telles Howie Morentz, Dickie Moore, Jean Béliveau, Guy Lafleur et bien d’autres qui ont, tout à tour, fait vibrer les amateurs de hockey montréalais.

Lors de la saison 2003-04, Mike Ribeiro soufflait dans le cou de Saku Koivu pour le titre de premier centre d’une formation qui a accumulé 93 points, soit le plus haut total depuis les 10 dernières années. En ce début de saison, Ribeiro connaît quelques difficultés à s’imposer comme pivot de la deuxième ligne d’attaque du Tricolore. L’entraîneur Claude Julien l’a séparé de son grand copain Pierre Dagenais, dont les jours au sein de la formation semblent comptés. Chris Higgins et maintenant Tomas Plekanec ont été mutés sur le deuxième trio afin de lui redonner la vigueur souhaitée. Ribeiro doit saisir le message que lui envoi ses patrons, sinon il pourrait finir par écoper. Contrairement à Higgins et Plekanec, Ribeiro ne peut patrouiller l’aile avec la même efficacité. Situation qui pourrait forcer Julien à le laisser éventuellement de côté.

Tomas Plekanec peut provoquer des opportunités de marquer par sa vitesse et son ardeur au jeu. Ce qui forcera Ryder et Ribeiro à se grouiller le derrière. Plekanec aime bien contrôler le disque, pour l’obtenir Ribeiro et Ryder doivent trouver une façon de se démarquer. Dès son arrivée sur le trio, face à Toronto, on a pu sentir des patins un peu moins lourds chez ces derniers.

Ribeiro a montré des signes encourageants lors de la troisième période contre les Leafs. Plus rapide le long des bandes, il a ainsi empêché les gros défenseurs de Toronto de lui mettre le grappin dessus et le neutraliser facilement. Il doit comprendre que ses 65 points accumulés lors de sa dernière font de lui un joueur marqué par ses adversaires

Mike Ribeiro possède les mains et la vision pour exceller dans cette nouvelle LNH. Il doit prendre conscience qu’à 25 ans, il n’est plus cette jeune recrue à qui l’on pouvait tout pardonner. Son statut de favori local n’influe aucunement sur la décision qui sera prise à son endroit par la direction. Bob Gainey s’attarde davantage aux résultats et à l’effort fourni qu’à ce que les grands sbires de la scène sportive peuvent penser, au grand dam de certains représentants des médias. Il doit éviter de tomber dans le piège de ceux qui n’hésiteront pas à faire des courbettes afin de recueillir ses confessions.

De retirer Ribeiro de l’alignement ou bien de le rétrograder sur le quatrième trio causerait certes une commotion, mais si cette stratégie peut lui permettre de se sortir de cette zone de confort, si néfaste aux jeunes joueurs francophones que l’on consacre avant qu’ils n’aient prouvé quoi que ce soit, ça sera déjà ça de gagner. Comme je l’ai déjà mentionné lors d’une chronique précédente, les francophones doivent comprendre qu’ils sont jetables après usage par les médias. Lorsque Ribeiro a mentionné que les médias tiraient des conclusions un peu trop rapides, il n’a pu faire autrement que constater que son étoile commençait à pâlir et que les journalistes se préparaient à casser du sucre sur son dos. Le nécessité d’un bouc émissaire prime souvent sur la raison. Bienvenue à Montréal mon Mike.