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La nomination de Doug Jarvis, à titre d’entraîneur des Bulldogs de Hamilton l’an dernier, a fait sourciller bien des observateurs. Plusieurs s’interrogeait sur la pertinence d’embaucher un entraîneur unilingue anglophone plutôt que de donner l’opportunité à un entraîneur de la LHJMQ de faire ses preuves dans le hockey professionnel ? Mais lorsque l’on s’attarde à cette nomination d’un peu plus près, on comprend qu’elle s’inscrit dans une continuité.

Cette association, entre les deux, qui dure depuis leurs années juniors au sein de Petes de Peterborough. Tout au cours de leur carrière, ils se sont rarement laissés. En 1989, Jarvis rejoignait Gainey avec les North Stars du Minnisota, à titre d’entraîneur adjoint. Lorsque la franchise fut déménagée à Dallas en 1993, Jarvis suivit également. Il n’est donc pas étonnant de le voir à ses côtés, et qui plus est à la tête du Canadien, équipe avec laquelle ils ont connu tant de succès. C’est ce qu’on appelle boucler la boucle.

L’influence du régime Gainey-Jarvis se fait déjà sentir malgré qu’il ne soit en place que depuis trois ans. Dans le passé, nous étions sous l’impression que les joueurs évoluant dans les mineurs étaient laissés à eux même et que seul leur talent pouvait leur permettre percer l’alignement. Il a su récupérer des espoirs qui tardaient à éclore comme Hossa et Plekanec et les transformer en jouer complet. Ils ont pu ainsi parfaire leur couverture en zone défensive afin de devenir de véritables joueurs de hockey professionnels. C’est une chose de les repêcher, mais s’en est une autre de les développer.

Hossa, Plekanec et Higgins seront assurément de la formation le 5 octobre prochain. Hossa a compris qu’il vivait sur du temps emprunté et qu’à l’aube de ses 24 ans, il ne lui restait plus beaucoup de temps pour impressionner l’état major du Canadien. La qualité de sa préparation physique lui permet de dominer le long des bandes, ce qui faisait grandement défaut chez le Canadien au cours des dernières années. Plus fort et plus rapide que par le passé, le grand Slovaque semble avoir pris exemple sur son frère Marian. Il nous reste qu’à espérer qu’il réagisse favorablement au calendrier éreintant de la LNH ?

Les performances de Higgins, Plekanec, Hossa et Perezoghin, lors de la victoire de 3-2 contre les Maple Leafs de Toronto samedi dernier au Centre Bell, laissent croire que Bob Gainey et ses adjoints pourraient transiger afin de renforcer la brigade défensive. Si l’on a pu acquérir Kovalev pour Josef Balej, il serait intéressant de connaître la valeur marchande de Plekanec et Perezhogin ou même les deux ensembles, qui sait ? Il est fort à parier qu’elle est supérieure à celle de certains réguliers.

Le calibre présenté lors des parties hors-concours n’est pas le même que celui des parties de la saison régulière, mais le niveau d’habileté démontré par les jeunes attaquants du Canadien laisse croire qu’ils seront en mesure de s’adapter au niveau de jeu que l’on retrouve dans la LNH.

La polyvalence de Higgins et Plekanec leur confère un avantage sur la compétition : les deux pouvant tuer des punitions en plus de compter sur des habiletés naturelles en offensive. Même si Higgins ne sait pas encore inscrit au pointage, l’organisation s’est déjà prononcée dans son cas. La qualité de son jeu défensif aura pour effet de faciliter son intégration au sein de l’équipe. On ne décerne pas le numéro 21 à la légère, surtout lorsqu’on le sait que Bob Gainey fut le mentor de Guy Carbonneau à ses débuts dans la LNH. Higgins est construit dans le même moule que Carbo : efficace et peu flamboyant.

Que fera-t-on de Steve Bégin, Pierre Dagenais ou même de Jan Bulis qui ont le désavantage d’être des joueurs unidimensionnels ? Par sa hargne et sa détermination, Steve Bégin peut servir d’inspiration auprès de ses coéquipiers. En plus de représenter un outil fort utile pour l’entraîneur afin de réveiller quelques joueurs talentueux, mais qui ont le vilain défaut de ne pas se dépenser à chacune de leur présence sur la glace.

Si le jeune Guillaume Latendresse ne se taille pas une place cette année, ça ne sera pas dû à ses performances, mais plutôt à celles offertes par ces joueurs affamés, pleinement conscient du sentiment d’urgence qui accompagne l’instauration d’un plafond salarial.

Je m’en voudrais de ne pas vous mentionner l’excellente tenue de Radek Bonk. Le joueur de centre de 29 ans armé d’un gabarit imposant de 6-3, 212lbs, surprend bien des observateurs. Pour la plupart Bonk n’était qu’un joueur surévalué n’ayant jamais répondu aux attentes. Sélectionné au troisième rang lors du repêchage de 1994, il est parvenu à épuiser la patience des dirigeants des Sénateurs d’Ottawa, qui voyait en lui le pivot de leur première ligne d’attaque. Mais comme centre d’un troisième trio, il peut très bien s’accomplir de sa tâche.

Son physique détonne avec celui de Joé Juneau qui accomplissait le même boulot la saison dernière. Les méchantes langues diront qu’il ne s’agit que de parties hors-concours et qu’il ne faut pas s’emballer trop rapidement dans le cas de Bonk. Mais l’on doit admettre que ses performances surpassent les attentes de bien des amateurs.

Les joueurs d’une équipe compétitive, indépendamment de leur statut, doivent tous batailler pour un temps de glace plus accru. En ce moment les jeunes espoirs de l’organisation sont frais et surtout affamés. Ce qui doit réjouir la dircetion qui peut commencer à envisager un futur plus brillant. Cette compétitivité est essentielle à l’amélioration d’une équipe et fait en sorte qu’elle peut envisager appartenir à l’élite de la LNH. Le Canadien commence à ressembler à cette définition, ce qui est un bon présage pour le futur.